Je n'ai jamais été très douée pour me faire des amis. Je ne changerais pas ma personnalité pour autant, à vrai dire, j'en serais incapable je pense. Qu'importe ce que pense les gens. Quoiqu'il arrive je suis moi.

furious madness

Ne pas avoir cours signifie devoir se trouver une activité pour la journée. Je ne travaillais pas non plus en tant que serveuse aujourd'hui, et comme pour claquer le fric de papa toutes les raisons sont bonnes, je me levais avec la ferme intention d'aller dévaliser les boutiques. Après tout, on était samedi matin. Le seul inconvénient était qui disait samedi, disait un nombre inimaginable de personnes désireux de se rendre au centre commercial. Tant pis, il allait falloir jouer des coudes, et pour un peu qu'il y ait des réductions, ce serait de véritable Hunger Games, mais version fringues. Je me sentais de parfaite humeur, au point que tout ce qui se trouvait aux environs ne me gênait en rien, ce qui est plutôt rare quand on connaît mon caractère et mon aversion pour les importuns. Le soleil illuminait les vitrines de grands créateurs derrière lesquelles brillaient les vêtements, les chaussures, les bijoux. Emerveillée, j'observais chaque devanture avec une attention particulière ; j'imaginais chaque tenue portée sur moi-même, le tissu ondulant le long de mes courbes et chutant droitement au ras de ses cuisses. Un véritable arc-en-ciel se déployait sous mes yeux ébahis. L'argent ? Ce n'était pas un problème. Mon père, à défaut d'amour, me donnait tout l'argent donc j'avais besoin et moi, je m'empressais de tout claquer dans des choses futiles, pour lui montrer à quel point cela m'indifférait profondément !

Je ne m'étais vêtue que d'un t-shirt à bretelles blanc, peut-être un peu trop décolleté, d'un short en jean à clous qui me faisait des fesses d'enfer, il fallait bien le reconnaître et d'escarpins noirs. Mes cheveux tombaient en une cascade blonde, légèrement bouclé, et c'était parfait comme ça. Une fois au centre commercial, j'arpentais les différentes boutiques. Craquant sur quelques petit tops, un jean slim noir, un perfecto que je rêvais d'avoir depuis longtemps et de la lingerie fine qui m'allait à merveille après les essayages. Dans une boutique qui mélait vêtements pour homme et pour femmes, mon attention se portait sur une robe de soirée, noire et à bustier. Véritable coup de coeur, je me précipitais vers une cabine pour la passer. Je m'admirais dans le miroir. Certes, la robe était jolie, et moi encore plus, mais il me fallait un regard neutre. Aussi, je sortais de la cabine, et par chance, quelqu'un passait à proximité. Faisant preuve d'une politesse qui ne m'était pas habituelle et donc je ne me sers que par intérêt je regardais cette personne, m'efforçant de sourire. « Excuse-moi, mais comme tu n'as pas l'air de travailler ici et que tu ne vas pas tenter à tout prix de me vendre cette robe, est-ce que tu pourrais me dire franchement ce que tu en penses ? » et je faisais un tour sur moi-même pour lui montrer le résultat puis je regardais la personne, en attendant une réaction. Il était important que la personne à qui je demanderais son avis ne travaille pas dans la boutique, ainsi, cette personne allait pouvoir être la plus neutre possible. Mais s'il s'avérait qu'elle me fasse des commentaires négatifs, je risquerais de le prendre plutôt mal. Question de caractère. Je me trouvais parfaite, j'avais juste besoin qu'on me le dise. Encore et encore.